mardi 17 février 2009

A propos de l'évasion d'Yzeure

L'essentiel est-il bien là ?
Voici ce qui s'appelle botter en touche : reporter sur les conditions de détention du condamné l'attention que mériterait son irréductibilité. Il ne lui reste plus qu'à meubler une partie de son temps libre à écrire, avec les encouragements du psy de service et de la presse, le passionnant récit de son évasion (quelque éditeur a déjà du penser qu'il se vendrait comme petits pains fraîchement cuits et croustillants), en attendant que la prochaine grève du personnel pénitentiaire ajoute un peu plus à la confusion,
sous prétexte de manque de moyens.
Si les droits de l'homme se limitent à ceux du coupable, parlons effectivement d'autre chose. Mais si les victimes actuelles et futures ont aussi quelques uns de ces fameux droits, alors peut-être faudrait-il s'en inquiéter.
Aucune porte n'est ni ne sera jamais inviolable pour un homme déterminé et la mort ne fait probablement pas davantage peur à un candidat à l'évasion que la longue peine que lui a valu sa grave culpabilité, considérant que la peine de mort eut été préférable à un enfermement qui n'a d'aussi inhumain que les actes qui ont pu le motiver.
"La peur de la mort n'a jamais empêché que s'exercent les plus grandes passions. Si cette peur opérait comme le prétendent les partisans du maintien de la peine de mort, l'humanité n'aurait pas connu autant de grands soldats ni de saints par exemple". Propos de Badinter, rappelés à la télévision à l'occasion d'une évocation des grands débats des années 80. Avec quelle facilité affligeante, un intellectuel d'une telle réputation ne se livre-t-il pas aux pires amalgames. Confondre la mort au service de ses semblables avec celle infligée en vue de l'élimination d'un individu résolument hostile à la société a de quoi faire réfléchir.
Il n'y a en tout cas pas loin entre cette façon de voir et la proclamation comme héros des pires gangsters, pour peu qu'ils soient morts sous les balles des gardiens de l'ordre à défaut de guillotine. À moins que ce soient ces mêmes gardiens de l'ordre qui soient taxés d'assassinat. Ils auront en ce cas la consolation de ne pas encourir la peine de mort.

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